Le sociologue Weber (1864-1920) distinguait en effet quatre idéaux-types d’action sociale :
- l’action traditionnelle, par « coutume invétérée » ;
- l’action émotionnelle où l’individu est sous l’emprise de ses passions et sentiments du moment;
- l’action rationnelle en finalité : c’est l’action réfléchie, délibérée. L’individu tente de trouver les moyens les plus adéquats à la réalisation de ses buts ;
- l’action rationnelle en valeur : la personne « agit sans tenir compte des conséquences prévisibles de ses actes, au service qu’il est de sa conviction portant sur ce qui lui apparaît comme commandé par le devoir, la dignité, la beauté, les directives religieuses ou la grandeur d’une cause, quelle qu’en soit la nature » (Economie et société) ;
Quelle qualification donner au coup de tête de Zidane ?
Avançons des interprétations sans tenir compte – il faut le reconnaître - des explications fournies par l’intéressé.
Il ne s’agit pas d’une action traditionnelle : on sort de la violence ordinaire d’un match de foot.
L’action rationnelle en finalité semble à écarter : Zidane a « réagi ». Il n’a pas pesé le pour et le contre avant de commettre l’irréparable.
Alors, action traditionnelle ou action rationnelle en valeur ?
Le « buteur » français aurait cédé à une impulsion, il aurait « pété les plombs ».
On peut aussi faire l’hypothèse d’une réaction dictée par des valeurs, des principes moraux. Ne pas répondre à la provocation aurait été déshonorant. Le joueur était moralement obligé de réagir quelles que soient les « conséquences » de son acte.
Le coup de tête de Zidane ressort peut-être des deux registres. La typologie proposée par Weber est idéale : dans la réalité, il est fort improbable qu’il y ait des actions purement affectives ou purement rationnelles.